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Discussion : qu’est-ce que la néologie?

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Question 1 : Qu’est-ce qu’un mot?

  • Un mot est une unité de langue qui est autonome et qui a un sens.

    Exemples :
    • vélo
    • bleu
    • avec
    • un
  • En règle générale, les mots sont séparés à l’écrit par des espaces.

    Cependant, il existe des mots composés, qui sont analysés comme une seule unité.

    Exemples :
    • disque dur
    • chou-fleur
    • vélo de route tout-terrain
    • boucle d’oreille
    • je-ne-sais-quoi

Une suite de mots est analysée comme un mot composé lorsque son sens est associé à l’ensemble de ses éléments plutôt qu’à chacun d’eux. De plus, un mot composé est figé : on ne peut pas insérer d’autres mots à l’intérieur.

Exemple : On dirait « une pomme de terre au four », mais pas « une pomme au four de terre ». Cela nous suggère que pomme de terre est un mot composé.

Question 2 : La langue française est-elle une langue figée?

  • Non. La langue française évolue constamment, et de nouveaux mots sont créés chaque année.
  • La création de nouveaux mots se nomme création lexicale ou néologie. Ces nouveaux mots sont appelés néologismes.
  • Les néologismes viennent combler un besoin : quand de nouvelles réalités apparaissent, il faut les nommer.
  • Par exemple, les avancées qu’a connues l’univers des jeux vidéo ont rendu nécessaire la création de néologismes comme
    multiplateforme i
    ,
    microtransaction i
    ,
    modèle semi-payant i
    ,
    joueur contre joueur i
    ou
    monde ouvert i
    .

Question 3 : Depuis quand fait-on de la néologie?

  • La néologie existe depuis toujours. Depuis que l’être humain communique, il doit nommer le monde où il vit, et ce monde change constamment.
  • Que ce soit pour parler d’inventions, de nouvelles technologies ou encore de changements dans la société, les néologismes sont indispensables.

Question 4 : Pourquoi la néologie est-elle si importante?

  • La néologie est essentielle pour garder une langue vivante. Une langue qui ne s’enrichit pas ne progresse plus et peut se trouver menacée.
  • Sans néologie diversifiée, on peut avoir tendance à combler les besoins linguistiques seulement en empruntant les mots d’autres langues.
  • La néologie n’existe pas qu’en français. Les gens qui parlent d’autres langues créent eux aussi des mots, ce qui contribue à la vitalité de ces langues.

Question 5 : Qui peut créer des néologismes?

  • Toute personne qui parle une langue peut créer un nouveau mot quand elle en a besoin.
  • Il n’est pas nécessaire d’obtenir de permission pour créer un néologisme, ou d’attendre qu’un mot nouvellement créé se trouve dans un dictionnaire pour l’utiliser. Autrement dit, la néologie n’est pas réservée aux spécialistes des langues.

Il y a tout de même des personnes, appelées terminologues, dont une partie du métier est de repérer et d’évaluer les néologismes qui apparaissent dans l’usage. Quand une nouvelle réalité voit le jour et qu’elle n’est pas tout de suite nommée dans une langue, les terminologues peuvent aussi proposer un mot pour la désigner.

Question 6 : Quelles sont les caractéristiques d’un bon néologisme?

  • Il se comprend facilement.
    • Par exemple, le mot composé plateforme de partage de vidéos peut être compris si on connaît les mots individuels qui le forment, même si c’est la première fois qu’on le rencontre. Le lien entre le mot et le concept qu’il désigne est facilement perceptible.
  • Il est formé à partir d’éléments français.
    • Par exemple, le mot égoportrait, créé à partir de égo, qui signifie « moi » (qu’on trouve aussi dans égoïsme, notamment), et de portrait, permet de remplacer le mot anglais selfie.
    • Les éléments employés (mots, préfixes et suffixes) sont choisis selon leur sens en français. Une traduction littérale ou mot à mot ne convient pas toujours.
    • Par exemple, le mot anglais digital dexterity ne correspond pas en français à dextérité digitale, mais bien à dextérité numérique. En effet, le mot digital existe aussi en français, mais il n’a pas le sens de « qui utilise des chiffres pour représenter l’information » comme en anglais. Il signifie plutôt « qui est relatif aux doigts ».
  • Il respecte les règles d’écriture, de prononciation et de formation des mots du français.
    • Par exemple, on écrit végane, adapté du mot anglais vegan, avec un accent aigu et un e muet à la fin, pour refléter sa prononciation.
  • Il est économique, c’est-à-dire plus court que d’autres mots qui permettraient de désigner la même réalité.
    • Par exemple, télétravail est plus économique que travail à distance, même si les deux sont bien formés.
  • Idéalement, il peut se dériver pour former un mot d’une autre classe, comme un adjectif ou un verbe.
    • Par exemple, le verbe numériser a été dérivé de l’adjectif numérique, et il a ensuite servi à former les noms numérisation et numériseur.

Procédés de formation : comment créer un nouveau mot?

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Aperçu
Notion théorique
Bonne pratique
Attention
Mot mal formé

Il est plutôt rare qu’un mot soit inventé de toutes pièces, sans qu’il ait de lien avec des éléments existant en français. En général, on assemble, fusionne ou transforme des mots ou des parties de mots pour en former un nouveau selon divers procédés.

Il y a notamment :

  • la dérivation (ajout de préfixes ou de suffixes);
  • le télescopage (formation de mots-valises);
  • la composition (combinaison de mots français autonomes);
  • la composition savante (combinaison d’éléments grecs ou latins).

1) La dérivation

  • La dérivation consiste à ajouter un
    préfixe i
    ou un
    suffixe i
    à une base française pour créer un nouveau mot, appelé mot dérivé.

    Exemples :

    • re‑ + voir = revoir
    • blogue + ‑eur, ‑euse = blogueur, blogueuse
  • La base est ce qui donne au mot son sens principal. Elle correspond à un mot déjà existant, ou à la partie qui reste d’un mot quand on enlève ses suffixes, sa terminaison verbale ou son e muet final.

    Exemples :

    • manger (verbe) sans -er (terminaison verbale) = mang- (base)
    • mang- + ‑eur, ‑euse = mangeur, mangeuse
    • hybride (adjectif) sans -e = hybrid- (base)
    • hybrid- + ‑ité = hybridité
  • Un préfixe est un élément non autonome qui s’ajoute devant une base. Le résultat est un mot de la même classe que la base, mais avec une nuance de sens.

    Exemples :

    • scolaire (base), « relatif à l’école »
    • préscolaire, « qui a lieu avant la scolarité obligatoire »
    • postscolaire, « qui a lieu après la scolarité obligatoire »
    • parascolaire, « qui a lieu à l’école, mais n’est pas un complément nécessaire au contenu enseigné »
    • extrascolaire, « qui a lieu en dehors de l’école »
  • Un suffixe est un élément non autonome qui s’ajoute après une base pour former un mot désignant une réalité connexe : nom d’une personne qui fait une action, adjectif qui indique que l’action peut être accomplie, etc.

    Le suffixe détermine la classe du mot.

    Exemples :

    • danse (nom)
    • danser (verbe)
    • danseur (nom masculin)
    • dansante (adjectif féminin)
    • dansable (adjectif épicène)
  • On peut ajouter à une base plusieurs préfixes ou suffixes. La classe du mot obtenu est déterminée par le dernier suffixe.

    Exemple : anti‑ (ajoutant le sens « opposition ») + constitution (base) + ‑elle (formant un adjectif féminin) + ‑ment (formant un adverbe) = anticonstitutionnellement (adverbe)

    Le mot dérivé anticonstitutionnellement signifie « d’une manière qui est contraire à la constitution ».

    Les préfixes et les suffixes ne peuvent pas s’employer sans base.

    Par exemple, on ne pourrait pas former des mots dérivés comme ceux-ci :

    •  préage
    •  anté
    •  transment
    •  suberie

    Les préfixes et les suffixes, tout comme les mots, s’emploient dans un ou plusieurs sens précis. On les trouve dans de nombreux dictionnaires.

    Certains éléments formants d’origine grecque ou latine peuvent être employés avec ou sans base. On les appelle éléments savants.

    Avec une base, le résultat est un mot dérivé, et l’élément savant est considéré comme un préfixe ou un suffixe.

    Exemples :

    • aéro‑ (« air ») + port = aéroport
    • bédé + ‑phile (« qui aime ») = bédéphile, « personne qui aime les bandes dessinées »

    Sans base, les éléments savants se combinent uniquement entre eux. C’est le procédé nommé composition savante. Il sera abordé au point 4.

    Nous vous invitons à consulter nos tableaux des préfixes et des suffixes, qui en présentent quelques-uns parmi les plus communs.

  • Activité

    Observez les mots dérivés suivants. Ils sont formés d’une base (consomm) et d’au moins un préfixe ou un suffixe. Associez chaque mot à sa définition.

    Mots
    1° Consommateur 2° Déconsommation 3° Surconsommation 4° Consommateurisme 5° Autoconsommation

    Définitions
    A
    Action de consommer une ressource qu’on produit soi-même.
    B
    Idéologie qui fait la promotion de la consommation.
    C
    Personne qui consomme.
    D
    Consommation excessive.
    E
    Tendance à réduire sa consommation.

2) Le télescopage (formation de mots-valises)

  • Le télescopage consiste à souder deux mots existants (entiers ou raccourcis) pour en créer un nouveau, appelé mot-valise.

    Exemples :

    • bibliothèque + autobus = bibliobus
    • cosmétique + pharmaceutique = cosméceutique

    On forme généralement les mots‑valises en combinant les premières syllabes d’un mot aux dernières syllabes d’un autre mot.

    Exemple : cla-vier + ba-var-dage = cla-var-dage

    On peut aussi conserver toutes les syllabes de l’un des mots, surtout s’il est court.

    Exemple : per-ma-nent + lien = per-ma-lien

    Dans l’exemple précédent, le mot lien comporte une seule syllabe, alors la seule façon de s’en servir dans la création d’un mot-valise est de le conserver en entier.

    Le découpage se fait en syllabes orales, c’est-à-dire en fonction de la prononciation. Chaque voyelle prononcée correspond à une syllabe.

    Il n’est pas conseillé de combiner plus de deux mots pour former un mot par télescopage. Un mot-valise qui comprendrait trop d’éléments risquerait de se comprendre difficilement.

    Un mot-valise comprend souvent une charnière. Une charnière est une lettre ou un son commun aux deux éléments, utilisé pour joindre ces éléments.

    Exemple réel, avec charnière : divulguer + gâcher = divulgâcher

    Exemple fictif, sans charnière : divulguer + ruiner = divulruiner

    Le mot-valise divulruiner aurait pu convenir. Ses éléments ont le sens voulu et sont bien combinés.

    Cependant, il n’est pas aussi naturel, à cause de l’absence de charnière.

    Chaque élément doit rester reconnaissable.

    Exemple fictif :  pomcam

    Conserver uniquement quelques lettres de chaque mot n’est pas suffisant pour former un mot-valise évocateur. Le mot pomcam pourrait désigner aussi bien un camion de pompier qu’une caméra de pompiste ou une pomme campagnarde.

    Il faut éviter de ne conserver que le préfixe ou le suffixe des mots de départ, car le sens de leur base est alors perdu.

    Exemple fictif : caméra + pompiste = camiste

    Pompiste a été raccourci en iste, qui est un suffixe. Le mot de départ n’est pas reconnaissable.

    Il ne faut pas non plus raccourcir un mot d’une telle façon qu’il pourrait être confondu avec un préfixe ou un suffixe, ou encore avec un autre mot.

    Exemple réel : pantalon + court = pantacourt

    Exemple fictif : pantalon + court = pancourt

    Panest aussi un préfixe qui a le sens de « tout »; l’élément pantalon ne serait donc pas reconnaissable dans pancourt. C’est pour cette raison qu’il est préférable de conserver une syllabe de plus du mot pantalon : panta-.

  • Activité

    Observez les paires de mots suivantes; elles se combinent pour former des mots-valises. Trouvez les mots qu’elles forment.

    NAVIGUER et ERRER

    Passer du temps à naviguer au hasard sur Internet, à errer de lien en lien, au point d’en oublier l’objet de sa recherche initiale.


    BALADEUR et RADIODIFFUSION

    Mode de diffusion de fichiers son permettant la lecture de ceux-ci en temps réel ou après téléchargement, sur le Web ou par l’intermédiaire d’une application.


    CAFÉTÉRIA et AUDITORIUM

    Salle utilisée à la fois comme salle de repas et comme salle de spectacle.


    TEXTO et ÉTIQUETTE

    Ensemble des conventions de bienséance régissant l’échange de textos entre des personnes.


    ANIMATION et ÉLECTRONIQUE

    Branche de la robotique qui consiste à concevoir et à animer des personnages robotisés.



    Recommencer

3) La composition

  • La composition consiste à réunir des mots indépendants existants pour en créer un nouveau, appelé mot composé.

    Exemples : 

    • porte-manteau
    • brosse à dents

    Le mot composé est vu comme une seule unité. Il désigne une réalité à part entière, même si chaque mot individuel qui le compose a un sens qui lui est propre.

    Exemple :

    • Un concepteur graphique est une personne qui conçoit des œuvres graphiques. Ce n’est pas un concepteur qui est graphique.

    On trouve diverses formes de mots composés.

    Exemples :

    • portefeuille (les éléments sont soudés)
    • arc-en-ciel (les éléments sont liés par un trait d’union)
    • avantage numérique (les éléments sont séparés par un espacement)
    Un trait d’union dans un mot composé peut marquer, par exemple, un changement de classe de mots, une irrégularité par rapport à l’ordre syntaxique attendu ou le figement des éléments avec le temps.
  • Activité

    Observez les mots composés suivants. Ils sont tous formés avec le nom message, suivi d’un complément. Associez chaque mot à sa définition.

    Mots
    1° Message instantané 2° Message texte 3° Message d’urgence 4° Message privé 5° Message d’origine

    Définitions
    A2
    Message adressé à une seule personne et accessible à elle seule.
    B2
    Message visant à rendre compte d’un danger.
    C2
    Message échangé en temps réel au moyen d’une application.
    D2
    Message alphanumérique échangé par ordinateur ou appareil mobile.
    E2
    Message de l’expéditeur qui est inclus dans la réponse à celui-ci.

4) La composition savante

  • La composition savante consiste à combiner des éléments savants pour former un mot, appelé (mot) composé savant.

    Exemples :

    • psych- (« en lien avec l’esprit », du grec) + -iatre (« médecin spécialiste de », du grec) = psychiatre
    • pédi- (« en lien avec les pieds », du latin) + -cure (« soin », du latin) = pédicure
    • pisci- (« poisson », du latin) + ‑vore (« qui mange », du latin) = piscivore
    • néo- (« nouveau », du grec) + -logie (« mot, parole », du grec) = néologie

    Ce procédé est surtout employé dans des domaines spécialisés, comme la médecine, pour créer des mots appartenant à la langue technique.

    On s’en sert rarement dans la langue courante.

    Un élément savant est un élément de formation d’origine grecque ou latine, non autonome en français.

    Même s’il ne peut être employé seul, il a un sens fort. C’est pour cela qu’il peut être employé avec un autre élément savant, sans base française.

    Un élément savant donné peut souvent être placé au début, au milieu ou à la fin d’un mot. Sa forme peut varier selon le contexte.

    Exemples : cardiologue, endocardite, myocarde

    Idéalement, les éléments choisis doivent être facilement reconnaissables. Ce sera le cas s’ils sont présents dans de nombreux mots déjà intégrés à la langue française.

    En effet, un mot intéressant et bien formé aura tout de même peu de chances de s’implanter si personne ne le comprend facilement.

  • Activité

    Observez les éléments savants suivants. Ils peuvent être combinés pour former des composés. Glissez un élément de la colonne de gauche et un élément de la colonne de droite dans les cases vides correspondantes. Parmi les neuf possibilités, huit sont des mots en usage (bien que certains soient rares!). Trouvez le composé fantaisiste et tentez de déterminer ce qu’il pourrait vouloir dire.

    litho- « pierre »
    micro- « petit »
    xylo- « bois »
    -phage « manger »
    -glossie « langue »
    -phone « son, voix »
    Mots répertoriés trouvés

5) Autres procédés

  • Les procédés de formation de mots présentés plus haut sont les plus fréquents, mais ce ne sont pas les seuls.

    Il est aussi possible de donner un nouveau sens à un mot existant.

    Exemples :

    • épingler i
       (dans le domaine de l’informatique)
    • pyramide i
       (dans le domaine de la planche à neige)

    Un mot existant peut également être tronqué, c’est-à-dire raccourci.

    Exemples :

    • auto (de automobile)
    • pneu (de pneumatique)

    Les néologismes peuvent être formés à partir de plusieurs procédés combinés.

    Exemple : filtre antipourriel (formé par une suite de trois procédés) :

    • pourriel (télescopage, avec poubelle et courriel)
    • antipourriel (dérivation, par l’ajout du préfixe anti- à la base pourriel)
    • filtre antipourriel (composition, avec les mots filtre et antipourriel)

Activité-synthèse

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Mise en situation

Un défi a été lancé aux élèves de votre école. On leur a demandé de créer des néologismes pour désigner le concept de « faculté de se déplacer à pied dans une foule ou dans un espace encombré en évitant les obstacles ».

Nous vous demandons de faire partie du jury et de déterminer si les propositions conviennent ou si elles devraient être écartées.

Pour chaque proposition, évaluez notamment si elle entretient un lien perceptible avec le concept et si elle respecte les règles de formation des mots du français.

Bonnes délibérations!

Propositions

Agilité piétonnière
Formé par composition à partir de agilité (« facilité et rapidité à bouger ») et de piétonnier (« relatif aux personnes circulant à pied »).

  • Ce néologisme est bien formé et il se comprend facilement.
  • Les éléments qui le composent font référence aux traits essentiels du concept.
  • Cette proposition pourrait être retenue.

Altercontourner
Formé par dérivation à partir de alter- (« autre ») et de contourner (« faire le tour de »).

  • Il s’agit d’un verbe, alors qu’un mot qui désigne une faculté devrait être un nom.
  • De plus, un élément qui signifie « autre » n’apporte pas de précision pertinente à contourner, puisqu’on contourne nécessairement quelque chose d’autre que soi-même.
  • La proposition devrait donc être écartée.

Instoulévitacle
Formé par télescopage à partir de instinct (« tendance innée »), de foule (« grande quantité de personnes »), de éviter (« faire en sorte de ne pas rencontrer ») et de obstacle (« quelque chose qui empêche de passer »).

  • Les éléments formants ne sont pas reconnaissables. En voulant utiliser plusieurs mots tout en respectant le principe d’économie, on a réduit chacun des éléments à quelques lettres seulement. Le mot qui résulte de ce télescopage est impossible à comprendre.
  • La proposition devrait donc être écartée.

Sens de l’anticollision
Formé par composition à partir de sens (« faculté de connaître intuitivement »), et de anticollision (« fait pour deux corps de ne pas se heurter »).

  • Le mot anticollision est généralement un adjectif et signifie « qui sert à éviter les collisions ». On l’emploie ici comme nom. D’autres mots formés avec anti- peuvent être des noms ou des adjectifs, comme antirouille.
  • Cette proposition pourrait être retenue.

Autolocalisation
Formé par dérivation à partir de auto- (« soi-même ») et de localisation (« action de déterminer la position de quelque chose »).

  • Ce néologisme est économique et il respecte les règles du français, mais…
  • Cette proposition suggère le sens d’« action de savoir où on est soi-même », alors que le concept à désigner concerne plutôt le mouvement entre les obstacles. Le lien entre le néologisme proposé et le concept à désigner est peu perceptible.
  • La proposition devrait donc être écartée.

Prédiction-anticipation
Formé par composition à partir de prédiction (« action de dire à l’avance que quelque chose va arriver ») et de anticipation (« action de prévoir quelque chose et de se préparer à y réagir »), qui désignent chacun une étape de la séquence.

  • Ce néologisme est économique et il respecte les règles du français, mais…
  • Ce mot ne véhicule pas l’un des principaux traits du concept, soit l’idée de « savoir éviter les obstacles ».
  • La proposition devrait donc être écartée.

Podocontournement intuitif
Formé par dérivation à partir de podo- (« pied ») et de contournement (« action de passer autour de quelque chose »), puis par composition avec l’ajout de intuitif (« qu’on sait immédiatement sans devoir y réfléchir »).

  • Ce néologisme est bien formé et il se comprend facilement.
  • Cette proposition pourrait être retenue.

Adagoralité
Formé par télescopage à partir de adresse (« qualité physique ou intellectuelle d’une personne agissant avec aisance »), de agora (« place publique piétonnière ») et de agilité (« facilité et rapidité à bouger »).

  • Le mot adresse a été tronqué en ad-. On n’y reconnaît pas spontanément adresse, puisque le résultat de cette troncation peut se confondre avec le préfixe ad-, qui indique la direction ou l’ajout, comme dans admirer.
  • Le mot agilité a été tronqué en -lité. On ne reconnaît pas non plus l’élément agilité.
  • L’utilisation de deux synonymes, adresse et agilité, allonge inutilement le mot.
  • La rencontre de agora et de -lité donne la suite de lettres oralité, qui correspond à un mot sans lien avec le concept.
  • La proposition devrait donc être écartée.

Conclusion

Des huit propositions reçues, trois respectent minimalement les critères d’un bon néologisme :

  • Agilité piétonnière, un mot composé. Il est économique et formé de deux mots courants, ce qui pourrait augmenter ses chances d’être adopté par les locuteurs et locutrices. Il permet notamment la création des appellations de personnes correspondantes, soit piéton agile et piétonne agile.
  • Sens de l’anticollision, également un mot composé. L’élément formant anticollision est un mot moins commun, et on l’utilise comme nom plutôt que comme adjectif. Sa formation rappelle celle d’un mot existant, sens de l’orientation, ce qui pourrait favoriser son implantation.
  • Podocontournement intuitif, formé par combinaison de deux procédés. C’est la seule proposition qui évoque à la fois l’idée de « déplacement à pied » et celle d’« évitement ». Toutefois, elle est assez longue et difficile à prononcer.

Tableaux des préfixes et des suffixes

Pour en apprendre davantage sur la création lexicale, consultez la section Modes de formation des mots ainsi que la page Néologie de la Vitrine linguistique.

Date de la dernière mise à jour : 2025-10-27

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